L'insolite de l'art chrétien : églises de Champagne-Ardenne

L'insolite de l'art chrétien : églises de Champagne-Ardenne

POUILLON son église Saint-Gorgon

Pouillon église Saint-Gorgon

La communauté dépendait jadis de Saint-Thierry. Le culte d'abord assuré par les chanoines de l'abbaye, puis par les moines, fut ensuite du ressort de l'église paroissiale Saint-Hilaire.

En 1659, les habitants de Pouillon obtiennent de l'archevêque de Reims l'autorisation d'édifier une chapelle placée sous le vocable de Notre-Dame de Bon Désir.

La date d'établissement de l'église paroissiale n'est pas connue. Celle qui est avancée par l'auteur de l'article paru dans Wikipédia (1741) ne repose sur aucune preuve écrite.

Le culte des reliques en l'honneur de saint Gorgon a pu procurer une source de financement pour la construction de l'église, grâce aux dons des pèlerins. Cette remarque reste une hypothèse.

Lire l'article ici : Saint GORGON (Le Fréty 08 et Pouillon 51)

L'église située au milieu du village, près de la mairie, est donc un édifice du XVIIIe siècle.

 1) Extérieur

 - La nef, d'abord unique, s'est enrichie de bas-côtés en 1778. Ses murs latéraux ont été percés d'ouvertures sous arc en plein cintre pour communiquer avec les collatéraux, ouvrant ainsi 4 travées.

L'éclairage naturel est assuré par les fenêtres plein cintre des bas-côtés.

- L'abside est à 3 pans ; deux baies disposées sur les pans latéraux éclairent le chœur

- La façade occidentale présente un fronton triangulaire. Un oculus ouvre la partie supérieure, deux fenêtres en plein cintre, de part et d'autre du portail, sont dans l'axe des bas-côtés.

- Au-dessus du vestibule d'entrée (faux narthex), s'élève le clocher à 3 niveaux. Les pans sont hexagonaux, munis d'abat-sons. Le clocher est un ajout de 1778, il proviendrait de l'ancienne abbatiale de Saint-Thierry qu'avait démolie l'archevêque Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord pour la remplacer par un palais de plaisance.

 

St Thierry vue ancienne.jpg

 

Le clocher de Pouillon tel qu'il figurait sur l'abbatiale de Saint-Thierry. D'après Monasticon Gallicanum A. Peigné-Delacourt, 1871

Les proportions, si elles sont respectées par le dessinateur, donnent une idée de l'importance de l'église abbatiale à l'époque glorieuse de l'abbaye.

Une toiture unique abrite nef et bas-côtés

 

 2) Intérieur

L'autel majeur du XVIIIe siècle n'existe plus. Il devait être dédié à saint Gorgon, patron de la paroisse. Pourtant son retable était décoré d'un tableau de l'Assomption, aujourd'hui relégué à l'autel secondaire, au sud.

 

Pouillon église 014 réd.jpg

Tableau de l'autel méridional dédié à la Sainte Vierge représentant son Assomption (le tableau proviendrait de l'abbaye de Saint-Thierry)

 

L'auteur du tableau n'est pas connu. Il a pu s'inspirer du célèbre tableau de Philippe de Champaigne (maintenant au musée du Louvre) qui a donné lieu à de nombreuses copies.

Le célèbre peintre du roi était venu à Saint-Thierry en 1677, remettre lui-même aux moines un autre tableau représentant la Transfiguration du Christ pour l'autel majeur de l'église abbatiale. On ignore ce qu'est devenue cette œuvre.

La peinture sur toile est une représentation classique de l'Assomption. Les apôtres s'étonnent devant le tombeau vide de Marie ou regardent le ciel. Au premier plan, à gauche de l'observateur, le personnage barbu pourrait être saint Pierre, qui a organisé les funérailles de la Vierge. Elle, s'élève dans le ciel, les bras ouverts, entourée d'angelots, le regard tourné vers le Très-Haut.

 

Pouillon église 001 réd.jpg

Nef et chœur

 

L'édifice est pourvu de trois autels secondaires.

Au sud, l'autel de la Vierge et son tableau. Sur la table d'autel les statues de Notre-Dame de Lourdes et de Bernadette Soubirous, agenouillée, en prières. Une dédicace à l'attention de Notre-Dame du Saint-Sacrement rappelle la dévotion très prégnante qu'insuffla le père Pierre-Julien Eymard lorsqu'il fonda en 1863, l'Ordre des Servantes du Saint-Sacrement.

Au nord, l'autel est dédié à saint Vincent. La statue du saint ne domine plus l'autel; elle est remplacée par celle de saint Antoine de Padoue. Saint Vincent a été placé sur une console à gauche du chœur, il tient en mains ses attributs : la palme et la grappe de raisin. La dévotion est grande en pays viticole.

Au bas du collatéral nord, à proximité des fonts baptismaux, a été placé l'autel dédié à saint Gorgon. Il est de réalisation moderne dans le style Renaissance.

 

Les autres statues :

- Sacré Cœur de Jésus sur le mur axial de l'abside

- Notre-Dame de Lourdes et saint Joseph portant l'Enfant Jésus de part et d'autre

- Jeanne d'Arc avec son étendard

- Sainte Geneviève et son mouton

- Sainte Thérèse de Lisieux

 

Le mobilier :

- la chaire à prêcher en bois comporte quatre panneaux simplement ornés de moulures géométriques. La face avant porte le chrisme (les initiales XP accostées de l'alpha et de l'Oméga)

- face à la chaire : le Christ en croix . Jésus est cloué sur une croix aux extrémités trilobées.

- les fonts baptismaux : meuble en bois recevant la cuve et porté par quatre colonnettes en bois, elles aussi.

- chemin de croix moderne (un exemplaire plus ancien montre les stations dans un cadre circulaire à redents, il est en mauvais état)

- balustrade en bois décorée de motifs en fuseau à l'étage de la galerie dominant le vestibule d'entrée

- bannière consacrée à l'Immaculée Conception

- deux pierres redressées aux murs portant des épitaphes

 

Les verrières :

- les deux fenêtres de l'abside sont munies de vitraux décorés de médaillons représentant les bustes nimbés de saint Gorgon (écrit Gorgan !) et de saint Vincent au milieu d'un motif à grisaille. Ils portent la signature de A. Duplex 1923 Paris

- les verrières des autres baies sont simplement ornées de médaillons en forme de quadrilobe étiré sur fond blanc représentant

Jeanne d'Arc en armure tenant l'épée

Saint Eloi en tenue d'évêque portant le marteau de l'orfèvre, la crosse et le Livre des Evangiles

Sainte Cécile portant son instrument de musique préféré : l'orgue

Sainte Barbe portant le calice et l'Eucharistie

Le calice et l'hostie timbrée des initiales du Sauveur des Hommes : IHS

La colombe de l'Esprit Saint

Le Sacré Cœur de Marie, ceint d'une couronne de roses, transpercé par le glaive, surmonté de fleurs de lys

L'Ostensoir (monstrance ou soleil) portant les initiales IHS d'un côté et l'Alpha et l'Oméga de l'autre

Le Cœur Sacré de Jésus, ceint de la couronne d'épines et surmonté de la croix

L'Agneau de Dieu (Ecce Agnus Dei : voici l'agneau de Dieu) couché sur le Livre des Sept Sceaux

 

JLC

 

 

 

 

 

 

 



07/12/2014
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