THIN-LE-MOUTIER et Sainte Berlande
L'église Saint-Quentin de Thin-le-Moutier
(photo Google Earth)
Des saints oubliés
Épinglé en bonne place dans la cuisine des foyers d'autrefois, l'almanach des P.T.T faisait l'objet d'une consultation attentionnée parce qu'il indiquait la fête du saint pour chaque jour de l'année.
Aux noms de la laïcité et du multiculturalisme, cet engouement régresse aujourd'hui bien que le constat soit déjà ancien. En effet, l'annonce des fêtes à souhaiter a été supprimée des bulletins météo qui précèdent ou suivent le J.T. des grandes chaînes de Télévision du service public. Connotation religieuse mal venue dans notre pays d'accueil et de diversité !
L'affaire n'est pas nouvelle ; à la fin du XIXème siècle déjà certain(e)s saint(e)s tombent dans l'oubli.
Le chanoine CERF de Reims s'en offusque dans son ouvrage : "La Vie des Saints du diocèse de Reims" - 1897.
La désaffection s'amplifie lorsque le saint est honoré spécifiquement dans une unique église du diocèse. Son culte franchit alors rarement les limites de la paroisse. Si sa vénération tombe en désuétude, il rejoint en moins d'une génération, la cohorte des saints oubliés vite qualifiés d'inconnus.
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Sainte Berlande de THIN-LE-MOUTIER pourrait bien connaitre pareille destinée. D'autant que l'origine de son histoire reste entachée de nombreuses zones d'ombre.
En effet le plus ancien document qui retrace sa vie est la "Vitæ Berlendis" daté de 1059.
Son auteur est inconnu, seul, la première lettre de son nom l'identifie : "H" ; il est moine à l'abbaye Saint-Pierre de Lobbes en Belgique et écrit à un certain Gérard, sûrement un prêtre qui desservait l'église de Meerbeke où séjourna Berlande, comme on va le voir.
Le récit rédigé en latin (1) comporte de nombreuses incohérences dans la datation des événements rapportés. Pendant des siècles les auteurs ont copié ces erreurs ; il a fallu attendre le début du XXème siècle pour séparer le vrai des récits purement légendaires grâce à la sagacité d'historiens belges ; ces récits restaient fidèles à la pratique d'une coutume selon laquelle les auteurs de Vitæ décrivaient le passé d'après l'époque féodale et l'environnement dans lesquels ils vivaient.
Fidèle au texte originel, le chanoine rémois cité plus haut, donne l'année 730 comme date probable de la mort de Berlande. Les Bollandistes la reculent à 702. (2)
Si le vocable Berlande est couramment usité à Thin-le-Moutier, celui de Berlinde est choisi par les historiens belges parmi d'autres orthographes : Bellaude, Berlinda, Berlende, Bélande (=pour le Chanoine CERF)
Meerbeke : des origines brabançonnes
Berlinde est née à MEERBEKE près de Ninove en Brabant à une date inconnue.
Meerbeke : Meer = frontière et beek = ruisseau ; à ne pas confondre avec Meerbek village de la banlieue ouest de Louvain (Leuven).
Là encore il convient d'éviter une francisation de la localité située en Flandre orientale, aujourd'hui rattachée à Ninove dans le Denderstreek (Arrondissement d'Alost), comme a pu le faire le chanoine Cerf, après beaucoup d'autres historiens, lorsqu'il écrit "Morbecque" pour désigner le commune de naissance, créant une confusion possible avec la localité homonyme située dans le département français du Nord, au sud d'Hazebrouck.
Egalement doit être écartée l'affirmation selon laquelle Berlinde aurait vécu à l'époque de Dagobert 1er (602/05 - †638/39, le premier roi des Francs de la dynastie mérovingienne).
De même Nona, la mère de Berlinde, n'a pas pu être la sœur (parfois baptisée cousine) de Saint Amand, grand évangélisateur de la Gaule septentrionale (584 - †679).
Toutes ces affirmations fantaisistes figurent dans la Vitæ de 1059. On y trouve également citées les invasions des Huns alors qu'il s'agit des Vikings danois qui ravagèrent le pays brabançon en pillant ses abbayes vers 850. Les Huns, à la barbarie légendaire, conduits par leur chef Attila, ont sévi entre 450 et 453.
L'existence de Berlinde doit plutôt se situer à la fin du IXème siècle, début Xème. Des éléments factuels étayent cette affirmation.
On sait désormais que trente ans après sa mort, les restes de Berlinde furent reconnus par l'évêque de Cambrai Autbert II (parfois orthographié Ansbert) dont l'épiscopat est signalé de 960 à 965.
La mort de Berlinde se situe donc entre 930 et 935.
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Son père, Odelard (Odelardus) est un personnage important.
Appartenant à la puissante aristocratie de la Hesbaye, le comte est chargé du commandement militaire d'un vaste territoire s'étendant d'Anvers à Condé (sur Escaut). Il se serait établi dans un castrum à Oombergen entre Escaut et Dendre (sur la carte à l'ouest Alost, au sud de Gand sur N 46).
Le pays est régulièrement assiégé par des hordes de Vikings (appelés Normands plus tard) qui remontent les fleuves à bord de leurs drakkars.
Le comte Odelard aurait été seigneur du pays de Grimbergen et du pays d'Asse (Assche)
Depuis le camp retranché qu'il commande, le comte résiste aux assauts des envahisseurs danois, mais son fils Eligard (Eligardus), chargé par son père de la défense d'un autre camp, celui d'Assche, y trouve la mort lors des combats.
Au décès de sa mère Nona, Berlinde reste seule avec son père qui s'est retiré à Meerbeke.
Statuette représentant Nona conservée dans l'église Saint-Pierre de Meerbeke
Odelard vient de contracter une maladie, vraisemblablement la lèpre. Berlinde le soigne avec beaucoup d'attentions.
Afin d'émouvoir un peu plus son lecteur, l'auteur de la Vitæ ajoute du merveilleux à son récit, avec cet épisode qui raconte qu'un jour, alors qu'elle lave, avant d'y boire, le verre que son père venait d'utiliser, le malade, affaibli par le mal qui le ronge et par la mort de son fils, se rebelle soudain, vexé et irrité par le geste de sa fille, qu'il impute au dégoût qu'elle ressent envers lui. Il déshérite aussitôt sa fille en faisant don de la totalité de ses biens à l'abbaye Sainte-Gertrude de Nivelles.
La malheureuse Berlinde n'a pas d'autre choix que d'aller revêtir l'habit religieux au cloitre le plus proche, celui de Sainte-Marie de Moorsel (situé près d'Alost, à ne pas confondre avec la localité Moorsel près de Louvain qui dépend aujourd'hui de Tervuren).
Le séjour à Moorsel sera de courte durée, car le monastère est dévasté après l'invasion des Vikings, et la petite communauté de moniales peine à survivre d'autant que les seigneurs du lieu se sont emparés de leurs biens.
Berlinde se retire alors à Meerbeke pour y vivre "recluse dans les pratiques de piété et d'austérité" jusqu'à sa mort.
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L'attitude surprenante du riche comte s'explique aisément quand on mesure le prix qu'attachaient les grands personnages de cette époque au repos de leur âme.
Pour eux la garantie d'une paix éternelle dans l'au-delà se justifie par le nombre de prières que moines ou moniales pourront réciter chaque jour à leur intention après leur mort.
Or ce service divin n'est pas gratuit et mieux vaut s'adresser à l'abbaye la plus en vogue du moment. Celle de Sainte-Gertrude jouit d'un grand prestige, n'a-t-elle pas été fondée par la veuve de Pépin de Landen, Gertrude de Nivelles, avec le soutien de l'évêque Saint-Amand ?
La donation de ses biens à une entité religieuse ne constitue pas l'unique démarche pour avoir une chance de gagner le Ciel après trépas ; il faut aussi financer de son vivant l'édification d'un sanctuaire pour y déposer sa dépouille quand mort viendra.
Le comte Odelard ne faillit pas à la tradition et comme les grands seigneurs de son temps, il bâtit une chapelle à Meerbeke dans laquelle, avec son épouse Nona, ils sont tous deux inhumés.
La mort d'Odelard a dû survenir entre 913 et 918 puisque le récit précise que Berlinde est morte dix sept ans après le trépas de son père.
La chapelle originale Saint-Pierre sera détruite à l'occasion d'une nouvelle incursion des Normands.
Après la mort de Berlinde, l'abbesse de Nivelles fera construire une nouvelle église à Meerbeke dans laquelle les restes de Berlinde seront solennellement transférés par l'évêque Autbert II.
A partir de cette translation, qui vaut canonisation, la fille d'Odelard est vénérée comme sainte.
«Jusqu'au douzième siècle, la marche d'un procès de canonisation était très simple. Il suffisait que l'évêque diocésain présentât une Vitæ et un Liber miracularum, c'est à dire un récit de la vie et un autre relatant les miracles du saint : la vérité des faits allégués était attestée par un serment et le synode romain donnait son assentiment à la déclaration de sainteté. Une bulle pontificale suivait.» (3)
Aujourd'hui l'église Saint-Pierre est un bâtiment majestueux.
Vue depuis la chaussée de Halle au soleil couchant, la façade rococo (de 1750) s'illumine devant le visiteur séduit par la blancheur de sa pierre qui pourrait avoir été extraite de la localité voisine de Lede qui a produit un grès calcaire très clair.
Le clocher octogonal en forme de lanterne ne manque pas d'élégance.
Mais c'est à l'intérieur de l'édifice que se révèle toute la richesse de ce bâtiment totalement investi par l'art baroque du XVIIIème siècle. Preuve que sainte Berlinde a su attirer depuis toujours de nombreux pèlerins qui viennent se recueillir devant ses reliques et lui gratifier une reconnaissance.
Sainte Berlinde représentée en moniale tenant le verre qui la déshérita
Les scènes de la vie de sainte Berlinde sont représentées sur cinq grandes toiles issues de l'école flamande (1750).
Ordination de Ste Berlinde
Ste Berlinde guérit les malades et les animaux
Ste Berlinde en prière
Mort de Ste Berlinde
Récupération du cadavre de Ste Berlinde
Chaque année deux pèlerinages rassemblent une foule de fidèles venus honorer leur sainte.
Le premier a lieu quinze jours après la Pentecôte et le second fin juin. Les paysans en provenance de Flandre, du Brabant, et du Hainaut se retrouvent là devant le reliquaire pour prier et invoquer leur patronne qui "protège contre plusieurs maladies, les hommes et les bestiaux, surtout les vaches".
Dans l'église un vitrail témoigne de cette pratique qui se perpétue depuis les origines du culte.
Invocation de Ste Berlinde
Le dictionnaire biographique publié en 1868 par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux arts de Belgique, sous le titre de "Biographie nationale" recense les personnalités belges les plus célèbres. Il mentionne à propos de Berlinde qu'elle "est l'une des saintes les plus vénérées, la plus populaire de la Flandre"
Les dévotions se font également dans la petite chapelle érigée à l'entrée de Meerbeke sur la chaussée de Halle à Ninove.
chapelle dédiée à Sainte Berlinde à l'entrée de Meerbeke
Sur le fronton, une inscription rappelle la nature des dévotions. Sur le mur intérieur est peinte la supplique suivante :
«Sint Berlindis verhoor ons bee, bescherm de menschen en het vee»
"Sainte Berlinde exauce nos vœux (bee=bede), protège les gens et le bétail".
Fronton et vue intérieure de la chapelle
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La commune de Ittre en Brabant wallon possède de nombreuses potales. L'une des plus anciennes est consacrée à Sainte Berlinde. Un culte particulier lui était rendu :
Extrait de "ENTRE SENNE ET SOIGNES" LXIX 1991 23ème année 3ème trimestre (4)
Thin-le-Moutier
En l'an 959, aux confins du Porcien, un vaste territoire couvert de forêts s'apprête à accueillir le plus ancien prieuré bénédictin de l'actuel département français des Ardennes.
Le comte Etienne et son épouse Frédiris (ou Trewinde) n'ont pas de descendance.
Lui, seigneur du lieu, se soucie de son salut post-mortem ; il sacrifie une partie de ses biens dans l'édification d'un sanctuaire sur ce coin de terre d'où jaillit une source qui donne naissance au ruisseau, le Thin.
En implantant ici une communauté de quelques prieurs, il compte bien que ces derniers pourront veiller au repos de son âme par leurs prières, puisque, telle est leur vocation.
L'heureuse initiative du comte nécessite toutefois de quérir les conseils d'un spécialiste rompu à ce genre de démarche.
Préalablement le comte Etienne fait donc appel à un personnage qui jouit d'une forte notoriété dans le monde monastique en la personne du belge Gérard de Brogne.
Celui-ci, riche propriétaire installé dans la forêt de Matagne a d'abord choisi la carrière militaire avant de revêtir la coule noire des bénédictins. Dans sa propriété familiale de Brogne, il fonde une abbaye et s'empresse d'y déposer des reliques pour promouvoir la renommée du monastère et celle de son père fondateur.
A l'issue d'un séjour passé à l'abbaye de Saint-Denis, en France, Gérard devient le champion incontesté de la Réforme préconisant partout «le rétablissement de la discipline religieuse et l'expulsion des moines récalcitrants».
Nombreux sont les comtes et seigneurs de Belgique qui font appel à ses services, car beaucoup sont mécontents du relâchement constaté parmi certains chanoines qui mènent grande vie.
Au lieu de prier assidûment pour l'âme des défunts parents de leurs seigneurs, les chanoines prennent épouse et dilapident les revenus des institutions religieuses.
Le succès du réformateur Gérard de Brogne séduit l'archevêque rémois Hugues de Vermandois. L'abbaye Saint-Remi est réformée en 945.
«Cette réforme consiste dans l'adoption de coutumes fleurisiennes et surtout dans l'installation d'un abbé régulier. Jusqu'alors, les archevêques de Reims se réservaient d'ordinaire le titre abbatial...» (5)
De Saint-Remi, huit religieux réformés, conduits par le prieur Leutald ou Lieutaud, partent pour Thin-le-Moutier.
Le prieuré peut désormais être opérationnel.
Une bulle du pape Jean XIII de l'an 972 confirme la fondation.
Le moine Gérard de Brogne s'éteint le 3 octobre de cette même année 959.
Il sera canonisé en 1131 par le pape lors d'un concile tenu à Reims.
L'abbaye de Brogne prend le nom de Saint-Gérard ainsi que le village.
Aujourd'hui, situé dans la province de Namur, Saint-Gérard est rattaché à la ville de Mettet. Les bâtiments de l'ancienne abbaye reconstruite au XVIIIe siècle, abritent une ferme et un centre d'activités culturelles.
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Pour donner plus d'éclat à son récit, l'auteur de la Vitæ multiplie les anecdotes merveilleuses.
Il raconte qu'un chanoine de Saint-Etienne de Toul, qui visitait les abbayes du royaume en pèlerin, eut une vision ; il reçut un ordre divin de se rendre en Brabant pour y prélever les reliques de sainte Berlinde.
Arrivé à Meerbeke, le chanoine propose ses services pour garder l'église pendant la nuit. Profitant de cette aubaine, il dérobe une partie des reliques de la sainte et s'enfuit pensant rejoindre Toul. Mais en route, épuisé et malade, il doit faire halte à Timis (Thin-le-Moutier). Il y dépose le précieux trésor dans l'église Saint-Quentin, sur l'autel consacré à la Vierge. Le brave chanoine ne peut repartir de Thin et y meurt trois jours plus tard.
L'abbé P. Defourny, curé de Thin en 1881 affirme dans son opuscule : "Thin-le-Moutier et son Église" (6) que cet apport de reliques a lieu en 939, donc dix ans avant la création du prieuré. Dommage qu'il ne cite pas ses sources car l'affirmation parait douteuse.
En effet à cette date le corps de Berlinde vient d'être fraîchement inhumé (entre 930 et 935), son cadavre décomposé n'intéresse personne.
Par contre, lors de la translation officielle où elle est déclarée sainte (vers 963), les reliques sont séparées, enfermées dans une châsse, puis exposées à la vénération des pèlerins.
A cette date le prieuré de Thin, récemment créé, peine à se faire connaitre. Après les donations du début, les subsides manquent.
Or, l'archevêque de Reims Odalric, dont l'épiscopat s'étend de 962 à 969, a noué des liens très étroits avec les monastères Saint-Evre de Toul et Saint-Remi de Reims.
Pour "booster" la venue de pèlerins et encourager leur générosité, rien de tel que de leur offrir des reliques à contempler. L'occasion se présente à Meerbeke où le culte envers une nouvelle sainte voit le jour.
Il y a fort à parier que l'évêque rémois ait chargé le chanoine de Toul, au cours de ses visites d'abbayes, de rapporter une partie des reliques de sainte Berlinde afin de les déposer au prieuré de Thin-le-Moutier.
Il ne sera pas le seul puisqu'on note "à une date inconnue du XIe siècle, les reliques de sainte Berlinde quittèrent le prieuré de Meerbeke, dépendant de l'abbaye de Nivelles, en compagnie de vingt-quatre laïcs et de six clercs" dans les Voyages de reliques aux onzième et douzième siècle de Pierre André Sigal Presses universitaires de Provence pp. 73-104.
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Les reliques conservées à Thin quittent en partie le prieuré douze ans plus tard, elles prennent la direction de Mouzon, emmenées par le prieur Lieutard et six moines. L'archevêque Adalbéron de Reims souhaite y fonder une abbaye bénédictine afin de pallier la défaillance des chanoines.
La présence des reliques de sainte Berlinde est «source de tant de bénédictions»
Mais celles-ci font vite retour au prieuré de Thin qui dès lors devient dépendance de l'abbaye mère de Mouzon.
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En 1570 l'église, le village et le prieuré de Thin-le-Moutier sont pillés par les protestants pendant les guerres de religion. Grâce au prieur commendataire Delmont les reliques sont sauvées et conservées chez lui. A son décès en 1590, elles intègrent l'autel de la chapelle Sainte-Croix dans la cathédrale rémoise.
Elles sont détruites à la Révolution et tombent dans l'oubli.
Après le départ des moines, la fin du prieuré de Thin est définitivement actée (1590)
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De cette longue aventure ne subsistent que quelques éléments disparates :
1) Une curieuse construction unique dans la région conservée dans l'église Saint-Quentin de Thin-le-Moutier.
Il s'agit d'un édicule en forme de tour, dont l'usage reste inconnu. Son descriptif est détaillé dans un article de la "Géographie illustrée des Ardennes d'Albert Meyrac (7)
«Dans l'église, le célèbre "édicule de sainte Berlande". Il porte le millésime 1540.
C'est une ingénieuse et délicate réduction d'une tour cathédrale que l'on imaginerait la plus ouvragée, la plus élégante.
Cinq mètres de hauteur sur un peu moins d'un mètre de diamètre à sa base. C'est un pentagone de six étages ornés de pinacles et ajourés de baies variées de toutes les formes du style ogival.
Il est mouluré et sculpté à profusion et sans confusion sur ses cinq faces. L'étage du milieu seul est plein, mais occupé par cinq petits piédestaux sculptés, accompagnés eux-mêmes de culs-de-lampe sur les six angles.
Les uns et les autres portaient des statuettes de vingt centimètres de hauteur. Elles ont disparu.
Le cinquième étage est orné, à sa base, d'une galerie minuscule, vraie dentelle, et qui, vue de près, n'est autre chose qu'une inscription malheureusement ébréchée et trop mutilée pour pouvoir être lue.
L'étage supérieur est aussi orné à sa base d'une galerie de fines dentelles ; cette galerie est ronde au lieu d'être à pans coupés et sert ainsi d'introduction au petit clocher, sans pans lui-même, qui couronne cette merveilleuse pyramide.
Quelle était la destination de ce charmant petit chef d'œuvre ? On l'ignore.
D'après la tradition, il viendrait du chœur du prieuré. Il porte au haut ces trois lettres : i h B, que l'on peut traduire : en l'honneur de sainte Berlande.
Au pied du clocher est penché un écusson armorié, qui est à étudier, et pourrait bien être celui de Claude de Villers, devenu prieur de Thin, le dernier abbé régulier de Mouzon, et qui gouvernait en 1540.
Cet édicule, restauré il y a quelques années, est placé contre un pilier de la grand nef».
L'édicule de 1540 dédié à sainte Berlande
(photo commune de Thin-le-Moutier)
(9)
2) Une ancienne borne, signalée par l'abbé Defourny, porte les initiales S B pour sainte Berlande. Elle existe toujours et "se trouve dans la haie longeant le chemin qui va de la Croisette à la rue Haute, près du gué de la rivière et de l'ancienne ligne de chemin de fer" (8)
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La fête de sainte Berlinde (ou Berlande) se célébrait jadis à Thin-le-Moutier le 3 février, mais inutile de consulter le calendrier de la Poste car elle n'y a jamais figuré, l'arménien Blaise lui ayant volé la vedette depuis toujours.
@jeanlucCollignon
Bibliographie succincte :
Nota : les photos de Meerbeke sont issues du site internet BALAT : Belgian Art Links And Tools.
(1) à consulter sur Vita Sanctæ Berlendis
https://la.wikisource.org/wiki/Vita_sanctae_Berlendis
(2)sur Gallica bnf:
(3) Dom René Podevyn : la Vitæ Gudula, Revue belge de philologie et d'histoire - 1923 - tome 2 pp. 619 à 647.
(4) https://www.ronquieres.org/Senne/69%201991.pdf
on lira avec intérêt le numéro de cette revue dans laquelle sont relatées des pratiques curieuses dans l'exercice de vénération des saints.
(5) Anselme de Saint-Remy Histoire de la dédicace de Saint-Remy par Dom Jacques Hourlier dans Travaux de l'Académie Nationale de Reims "LA CHAMPAGNE BENEDICTINE" 160ème volume 1981 page 270.
(6)Thin-le-Moutier et son Église dans Revue de Champagne et de Brie 1881/07/01 (A5,T10) - 1881/12/31 en ligne sur bnf gallica.
(7) Géographie Illustrée des Ardennes par Albert Meyrac, rédacteur en chef du Petit Ardennais Librairie Guénégaud Paris 1965 page : 347.
(8) La borne des Marais Sainte Belande Patronne de la commune dans le bulletin du groupe de recherche de Thin-le-Moutier. Le numéro 15 de l'année 1986 aux pp 37 à 40 est consacré à sainte Berlande.
(9) https://www.commune-thin-le-moutier-08.com/cimetiere.php
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